Témoignages | Handicap

Victor, jeune pratiquant de baby gym, porteur de Trisomie 21

Publié le 25 mars 2019

Victor, jeune pratiquant de baby gym, porteur de Trisomie 21

"En tant que parents d’un enfant en situation de handicap, nous nous rendons bien compte que l’égalité des droits passe par le respect de la différence.”

L’accès aux loisirs pour tous, quels que soit son âge.

Depuis septembre 2017, Victor, quatre ans et demi, pratique l’activité “Babygym”, deux fois par semaine, au sein de deux associations de la ville du Puy-en-Velay.

Un moyen pour lui de développer ses capacités motrices et surtout de prendre sa place parmi d’autres enfants de son âge, en milieu dit “ordinaire”.

Comme le rappelle sa maman : “Il est important que Victor puisse s’épanouir dans une activité physique et surtout apprendre le vivre-ensemble avec ses copains”.

Parcours gymnique et de motricité, roulades, lancé de ballons, jeux dans les cerceaux, trampoline…

Petit à petit, Victor apprend à dépasser ses peurs et développe ses capacités motrices. Il prend confiance en lui et avance à son rythme sur les différents parcours.

“Au départ, il fallait l’aider sur différents ateliers afin qu’il puisse s’orienter dans l’espace et enchaîner les ateliers, se rappelle sa maman. La tentation était grande d’aller jouer avec le trampoline, par exemple… Il a appris progressivement à devenir autonome. Victor est persévérant : il est capable de faire seul. Il trouve des stratégies pour cela, par exemple en imitant les camarades. Ainsi, il prend beaucoup de plaisir à pratiquer.”

En septembre 2018, quelle n’a pas été la surprise lorsque les portes de l’un des clubs se sont refermées devant Victor. Pour des raisons assez floues : faute d’encadrement et afin de ne pas mettre en danger ses camarades, l’adhésion de Victor est refusée.

“Nous sommes repartis avec le sac à dos de Victor, sans qu’il ait pu pratiquer la séance d’essai normalement accordée à tout futur adhérent. Nous avons un peu vécu cette décision de la part du club comme une injustice.”

Le lien entre les dispositifs Prisme et Dahlir

Afin de les soutenir dans l’élaboration du projet de Victor, ses parents ont fait appel à Benjamin Giovagnoli, le médiateur de parcours inclusif du dispositif PRISME, de l’Association Trisomie 21, de Haute-Loire. Lorsqu’ils ont évoqué la situation ensemble, Benjamin leur a conseillé de faire appel au DAHLIR.

“En tant que médiateur de parcours inclusif, mon rôle consiste principalement à soutenir les personnes ainsi que leurs familles dans l’élaboration de leurs projets, grâce à différentes ressources mobilisables.

Dans le cas de Victor, mon rôle a été minimaliste : j’ai assuré la transition vers le DAHLIR, car il s’agissait selon moi de la solution la plus adaptée.”

Après un premier échange entre les parents de Victor et le chargé d’accompagnement DAHLIR, celui-ci a contacté l’association sportive.

“Le but n’était pas d’imposer la présence de Victor à tout prix, précise Estelle. Nous souhaitions qu’il bénéficie des même droits que les autres, à savoir pratiquer une séance d’essai, afin de pouvoir lister ses compétences, ses éventuelles difficultés et ainsi apporter la réponse la plus adaptée pour lui.”

La preuve par l’essai.

C’est ainsi qu’au mois de janvier 2019, le jeune garçon a pu participer à une séance d’essai, en présence du chargé d’accompagnement DAHLIR et d’un membre du bureau de l’association sportive.

L’essai s’est révélé concluant : Victor a prouvé qu’il était capable de se débrouiller seul sans nécessiter la présence d’un adulte supplémentaire. En suivant ses camarades, il a pu participer aux différents ateliers.

Deux semaines plus tard, une seconde séance d’essai a permis de conforter la première impression, en gommant les dernières craintes de la présidente de l’association sportive.

“Victor a pu intégrer l’activité de manière définitive début février 2019, conclut Estelle. Il pratique désormais le baby-gym deux fois par semaine et commence à développer des réflexes de gymnaste. Il s’épanouit dans cette activité !

Il faut simplement avoir confiance en lui et en ses capacités. Il évolue à son rythme. Nous sommes ravis de l’accompagnement du dispositif PRISME et du DAHLIR.

L’accès aux loisirs pour tous, c’est naturel ! Ou cela devrait l’être, car il s’agit d’un droit. Mais il y a les lois et la réalité du terrain avec des préjugés tenaces, qui laissent présager un chemin à parcourir. Je suis certaine que l’inclusion est un premier pas…”

Question bonus posée à Benjamin, médiateur de parcours inclusif :

Que manque-t-il, selon toi, pour rendre cette société plus inclusive, plus ouverte ?

“C’est une question qui nécessite plus de cinq minutes de réflexion !

Mais je dirais une prise de conscience : la différence est enrichissante. Ce serait déjà bien si l’on gardait cela en tête et si nous faisions tous preuve davantage d’ouverture d’esprit. Sinon cela pourrait aussi être un sujet de philosophie au Bac !”


Propos recueillis par Carine Bonnal