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Maîtriser ses émotions grâce aux loisirs : le témoignage de Stéphanie

Publié le 1 février 2024

Maîtriser ses émotions grâce aux loisirs : le témoignage de Stéphanie

Si les loisirs sont utilisés par notre association à des fins de santé physique et afin de créer du lien social, ils servent aussi pour agir sur la santé mentale des bénéficiaires. C'est notamment le cas pour Stéphanie, que l'on accompagne depuis plusieurs mois.

Depuis mai, Stéphanie est accompagnée par le DAHLIR vers des séances de médiation animale. Son projet a ensuite évolué, puisqu’elle participe aussi depuis septembre à des séances d’activités physiques adaptées, appelées ateliers passerelles et encadrées par l’Office Municipal des Sports de Clermont-Ferrand.
Elle nous raconte son accompagnement, et ce que lui apporte ces différentes activités.

Comment votre accompagnement par le DAHLIR a débuté ?
Depuis plusieurs mois, je suis accompagnée par le Service Accueil de Jour « L’Oasis » de l’association Espérance 63 pour faire différentes activités manuelles. Il y a quelques mois, j’ai découvert avec eux la médiation animale. Cela m’a beaucoup plu et j’ai souhaité poursuivre.

Le Service de Jour m’a donc orientée vers le DAHLIR, afin qu’il puisse m’aider à continuer. J’ai été reçu, avec l’éducatrice du SAMSAH (Services d’Aide et d’accompagnement à domicile pour les personnes Handicapées) qui me suivait, par l’association pour un premier entretien afin d’identifier mes envies. Puis, Sara Vergès, (chargée d’accompagnement pour le DAHLIR) a cherché quelque chose qui pourrait me convenir.

Grâce à son aide, une fois par semaine, une psychologue vient à mon domicile avec des animaux, souvent un chien et deux chats.

Qu’est-ce que cela vous apporte ?
Le but de ces séances est de travailler sur les émotions, réussir à comprendre ce que ressentent les animaux, et du coup, indirectement, apprendre à se connaître soi-même.

Cela m’aide beaucoup à gérer mes émotions, mon stress… Cela me détend énormément, me rend bien plus sereine et me réconforte.

Le contact avec les animaux apporte beaucoup, et cela m’a redonné l’envie d’avoir un chat.

Votre stress, votre anxiété sont notamment liés à votre handicap. Pouvez-vous nous en parler ?
J’ai été diagnostiquée à 17 ans de troubles schizo-affectifs. C’est une maladie psychique qui affecte beaucoup mentalement et moralement.
Je souffre beaucoup d’anxiété, de stress, d’angoisse et je suis très dépressive. Cela provoque aussi chez moi des impatiences, j’ai du mal à parler de mes sentiments et j’ai très peur d’être délaissée.
J’ai un traitement pour essayer de réguler ces problèmes psychiques. Il est complété par la pratique d’activités de loisirs qui ont pour objectifs de me permettre de mieux maîtriser mes émotions, en plus des bénéfices physiques.

Quelles structures vous accompagnent au quotidien ?
Jusqu’à cet été, j’étais suivie par le SAMSAH (Services d’Aide et d’accompagnement à domicile pour les personnes Handicapées) et par l’Hôpital de Jour de l’hôpital Gabriel Montpied de Clermont-Ferrand.
Maintenant, je suis accompagnée uniquement par le Service d’Accueil de Jour.

Depuis la rentrée, vous participez aussi aux ateliers passerelles de l’OMS sur Clermont-Ferrand. Qu’est-ce qui vous a poussé à commencer cette nouvelle pratique ?
C’est d’abord mon médecin qui m’a conseillé de reprendre une activité physique, pour me remettre en mouvement et m’aider moralement. J’avais du mal à trouver une activité qui me plaisait et qui était adaptée à mes besoins.
J’ai donc à nouveau sollicité le DAHLIR pour qu’il puisse m’aider, comme avec la médiation animale.
Nous avons convenu d’un rendez-vous avec Sara, qui a alors cherché une activité qui pouvait me convenir.
Elle m’a parlé des ateliers passerelles, qui se déroulaient juste à côté de chez moi. Comme je me déplace à pied ou en transport en commun, c’était un critère important pour moi.
Nous nous sommes donc lancées.

Vous ne faisiez pas d’activité physique avant ?
Pas vraiment. J’ai commencé le sport avec l’Hôpital de Jour. Nous faisions notamment de la randonnée adaptée. Certaines structures qui m’ont accompagnée proposaient des activités, mais ce
n’était pas régulier et ce n’était pas forcément de l’activité physique.

Comment cela se passe sur l’atelier passerelle ? Quelles activités vous pratiquez ?
Généralement, je fais du renforcement musculaire, mais aussi des exercices plus cardio, comme de la boxe ou avec des machines comme du ski erg ou du rameur.
A chaque séance, Florian, l’intervenant, prépare une séance adaptée à mes problématiques de santé et mes capacités physiques. Si on peut être jusqu’à 5 ou 6 personnes dans la salle à pratiquer en même temps, ma séance est presque personnalisée et je suis bien encadrée.
Et cela se passe très bien ! Je viens chaque semaine avec motivation, et je sens que je commence à progresser. Je tiens de mieux en mieux sur les exercices.

Qu’est-ce que cela vous apporte ?
C’est un moment d’évasion. Cela me déstresse et m’aide à penser à autre chose qu’à mes problèmes personnels. Quand je suis au sport, je n’ai pas de mauvaises pensées, et je me sens bien.
Grâce à ces différentes activités, je me sens mieux autant physiquement que moralement. Et je gagne petit à petit en autonomie.

Et votre accompagnement par le DAHLIR continue ?
Après le premier entretien, Sara m’a accompagné sur la première séance, et cela s’est très bien passé. Je n’ose pas trop faire le premier pas, aller vers les gens ou me lancer toute seule dans
quelque chose. Je n’ai pas confiance en moi… Sa présence a donc débloqué les choses.
Depuis, je vais toute seule aux séances toutes les semaines. C’est très important pour moi. J’échange régulièrement avec Sara, qui me demande si tout se passe bien, et qui passe parfois me voir sur les séances.


Propos recueillis par Pierre Boccon