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La gouvernance du DAHLIR #10ans🎂

Publié le 16 décembre 2022

La gouvernance du DAHLIR #10ans🎂

Cette année, le DAHLIR a 10 ans ! Et pour célébrer cette première décennie, nous nous replongeons dans son histoire. Dans ce nouvel article de notre rubrique spécial anniversaire, André Bertrand, président de l'association, nous parle de la gouvernance du DAHLIR et de son identité et valeurs.

Comment avez-vous rejoint le DAHLIR et êtes-vous devenu président ? 

Ce qui m’a poussé à rejoindre le DAHLIR, c’est une expérience professionnelle pré-DAHLIR. J’étais directeur de la Maison Départementale des Personnes en situation de Handicap de la Haute-Loire à l’époque.
Pierre-Emmanuel Baruch (actuel directeur de l’association), qui rĂ©alisait dĂ©jĂ  des accompagnements dans le cadre de ses fonctions au sport adaptĂ©, est venu me voir, au sujet de la loi de 2005 sur le Handicap, l’égalitĂ© des droits et des chances… Il m’a demandĂ© ce qu’on pouvait faire en regard de cette loi et des accompagnements qu’il faisait. 

Cette loi prévoyait en effet, avec la Prestation de Compensation du Handicap (PCH), des possibilités d’accompagnements individuels qui n’existaient pas auparavant. On a alors travaillé ensemble sur des dossiers d’enfants qui passaient à la MDPH et nous avons coanimé des réunions à destination des parents surtout et des professionnels sur les possibilités qu’ouvrait la PCH. 

J’ai pris ma retraite en 2011, et le DAHLIR n’existait toujours pas en tant qu’entité. Au moment de la création du DAHLIR, un an plus tard, Pierre-Emmanuel m’a demandé de m’y investir. 

 

Qu’est-ce qui vous a poussé à accepter ? 

Déjà, cela correspondait à mon parcours professionnel, qui est très lié au médico-social et au handicap. J’étais dans mon élément et je trouvais bien que le travail que l’on avait fait de manière empirique se structure un peu. La création d’une entité propre avait de l’intérêt pour que les gens puissent s’adresser à une structure et pas à une personne avec plusieurs casquettes. Cela permettait de recentrer les activités, les accompagnements et les demandes souvent faites au cas par cas. C’était un premier éloignement de l’expérimental. 

La tâche était dans mes cordes. Nous étions une toute petite association au départ. Il a fallu par exemple ouvrir très rapidement un compte pour recevoir une subvention, qui passait avant par le sport adapté. 

 

Pensiez-vous au départ que le DAHLIR allait prendre une telle dimension ? 

Jamais. Je pensais que cela pourrait permettre de créer une dynamique sur le département de la Haute-Loire en direction du handicap, mais je n’imaginais pas un tel développement. 

 

Quel rôle jouez-vous dans la gouvernance du DAHLIR ? 

Je me positionne comme soutien de l’équipe de direction.
Je discute très régulièrement avec le directeur : il y a un enrichissement permanent et nous nous comprenons facilement. 

Je suis très à l’écoute de ce qu’il propose, parce que cela a été le premier salarié et l’élément moteur du DAHLIR au départ, le spécialiste de terrain. Par exemple, je ne sais pas ce que c’est d’être chargé d’accompagnement. Je ne l’ai jamais fait sur le terrain. 

Ce qui est intéressant dans notre gouvernance, c’est que les choses se sont faites à l’envers. En général, une association est créée car un groupe de personnes a pointé un manque, et se dit « on va créer une association et embaucher du monde pour pallier ce manque. » 

Pour le DAHLIR, l’association s’est créée parce que quelqu’un sur le terrain a expérimenté, a analysé le manque et a cherché une équipe de bénévoles pour créer une association, formaliser l’activité et construire un dispositif cohérent. Donc le conseil d’administration est plutôt en appui de la direction dans notre cas, mais avec toujours en point de mire l’objet de l’association et sa mise en œuvre effective sur le terrain. 

Mais cela fonctionne bien : le directeur est présent à tous les conseils d’administration en tant que représentant technique et fonctionnel de l’association, pour faire un état des lieux. Même s’il n’a pas de pouvoir décisionnel.  

 

Le Conseil d’Administration joue donc un rôle important ? 

Oui, car c’est lui qui prend les décisions importantes, après discussions et présentations par le directeur. Plusieurs décisions ont d’ailleurs été sujettes à débat, sur de nouveaux dispositifs ou l’expansion à de nouveaux territoires. 

Le Conseil d’Administration au départ était uniquement axé autour du handicap : parents, proches, professionnels… Le développement d’autres dispositifs n’a donc pas toujours été évident. 

 

Comment votre rôle et votre vision ont évolué avec le développement de l’association ? 

Le DAHLIR reste quelque chose de fragile. Si c’est une association pleine d’espoir, en expansion etc. elle est encore jeune. Il faut donc qu’on arrive à ce que cela soit une association qui s’appuie sur des fonctions structurées.  

Mon rôle est resté le même : je suis un appui important à la fonction de direction. C’est même encore plus d’actualité depuis qu’on s’est agrandi. On a une équipe de direction très efficace, et je n’interviens pas dans l’activité générale de l’association. Ce n’est pas mon rôle. 

 

Le DAHLIR s’est agrandi et grandit encore. Qu’est ce qui, pour vous, doit rester son identité, ses valeurs ? 

A la relecture de l’objet du DAHLIR, on retrouve 4-5 points et tous se rassemblent autour d’une chose : faire lien. Faire lien entre les structures, entre les individus… 

Dans un monde qui s’individualise à outrance, et où on est obligés d’assumer nos difficultés comme en étant complétement responsable, quelles que soient nos chances au départ, le DAHLIR est là et agit par rapport à cette discrimination qui est soit auto-entretenue par les personnes elles-mêmes, soit provoquée par la société. 

Le DAHLIR est exemplaire sur cet aspect, car il prend en compte le projet de la personne. Mais il prend une lourde responsabilité, car il agit auprès de personnes déjà cabossées, et on ne peut se permettre de leur donner une bosse de plus. C’est-à-dire que plus vous avez pris de gifle, moins vous vous risquez. Pour beaucoup de personnes aujourd’hui que l’on accompagne, c’est un peu la dernière chance. 

Mais on ne réussit jamais à 100%. A un moment, quelles que soient leurs difficultés, les personnes peuvent décider de se retirer au dernier moment, quelle que soit la qualité de l’accompagnement.  Nous devons donc mettre le paquet pour limiter ce risque-là. Mais il n’y aura jamais de 100%, aussi parce que cela peut faire peur. Pour certains individus, le fait de voir qu’ils vont peut-être s’en sortir, ça peut générer un mouvement de panique, sur les perspectives que cela ouvre. Ils vont alors se refermer. 

Nous devons donc nous appuyer sur des notions d’écoute et de reconnaissance des gens, de leurs difficultés, et pas seulement de tolérance.  

 

Comment réussir à conserver cela avec par exemple les nouveaux recrutements ?

Déjà, grâce à la structure hiérarchique mise en place : Responsable Opérationnel, Responsable Territorial, Coordinateur… Ces diverses fonctions se complètent et permettent créer et de garder une dynamique. Mais il faut aussi favoriser les échanges entre pairs, sans dimension hiérarchique. Les chargés d’accompagnement vont par exemple échanger sur le sens de leur travail, à l’abri de tout jugement professionnel. On a tous ces instruments qui s’interconnectent et se complètent, et j’ai l’impression que les équipes s’y retrouvent. 

Dans cette dynamique-là, j’ai découvert par exemple que, pendant la période de COVID, des programmes communs ont été établis en visio, entre les antennes, alors que certains salariés ne s’étaient jamais rencontrés avant et n’avaient jamais élaboré un projet en commun. Des tutoriels ont été créés pour les personnes accompagnées afin qu’ils fassent des exercices à la maison. Et cela créé une appartenance commune, une culture commune.  

La difficulté ensuite, c’est d’avoir une culture commune qui ne soit pas rigide. C’est-à-dire que l’on puisse tester, essayer d’innover, avoir des résultats et les faire retourner sur l’ensemble d’un dispositif, les partager, voir si cela est valable ou pas, travailler dessus ensemble… Ensuite, on regarde si c’est applicable partout, s’il y a des spécificités… 

 

Que souhaitez-vous pour les 10 ans du DAHLIR ?  

J’aurais aimé qu’on puisse créer un livret théorique, un corpus des valeurs que le DAHLIR met en œuvre. Quelque chose qui se concentre sur nos valeurs. Sur comment elles peuvent se mettre en œuvre de manières différentes selon les publics, selon les terrains. Une sorte de photo de la mise en œuvre des principes du DAHLIR. Il y a une chose qui est difficile parfois, c’est de présenter le DAHLIR au regard de la richesse et de la multiplicité de ses publics et de ses modes d’intervention. Et il serait intéressant de s’appuyer sur un tel document.   


Propos recueillis par Pierre Boccon