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Former pour mieux comprendre, avec l’UTEP du Centre Hospitalier de Vichy.

Publié le 17 janvier 2018

Former pour mieux comprendre, avec l’UTEP du Centre Hospitalier de Vichy.

Crée en 2010, l’UTEP du Centre Hospitalier de Vichy est devenue un chaînon essentiel entre les différents acteurs de l’Éducation Thérapeutique du Patient sur le territoire. Rencontre avec son responsable, le Docteur Frédéric Somda.

L’activité physique adaptée comme dénominateur commun.

“En 2010, lors de la création de l’Unité Transversale pour l’Education thérapeutique du Patient (UTEP) sur le secteur de Vichy, tout était à imaginer, à construire.

Au départ, nous étions deux : une infirmière et un médecin, avec un objectif : mettre en place un programme transversal et fédérateur, afin de répondre aux besoins des acteurs Santé du Centre Hospitalier et de la ville de Vichy. Notre projet était de pouvoir créer et développer un lien transversal entre les différents acteurs de l’Education Thérapeutique de l’établissement et de l’extérieur. Pour cela, nous avons commencé par réaliser un état des lieux de l’existant, des initiatives et programmes en place.

Dans un premier temps, nous avons animé un programme sur les risques cardio-vasculaires, qui n’a pas fonctionné autant que nous l’espérions.

En 2014, nous avons mené une enquête sur les besoins de terrain qui émanaient des programmes. Le dénominateur commun était l’Activité Physique Adaptée.

Et souvent les demandeurs étaient des patients atteints de risques cardio-vasculaires. Mais abordé de façon différente et concrète, tant pour les patients que pour les soignants, ce programme a rapidement fonctionné !

Nous avons recruté une professeure d’activités physiques adaptées : Cindy Messonnier qui est venue rejoindre notre équipe. Cela a permis de créer une réelle ouverture sur le territoire. Or, nous savons qu’il est parfois difficile de sortir de ce cadre hospitalier. En occurrence, c’est une belle percée.

Cindy Messonnier travaille en lien avec de nombreuses associations du territoire. Grâce à l’activité physique, on est sur quelque chose de différent : le point de départ n’est pas l’UTEP.”

Le rôle central du patient.

“Si l’on devait résumer l’ambition du programme en une phrase ce serait : démédicaliser les patients. Qu’ils deviennent autonomes et oublient l’activité physique comme traitement. Qu’ils l’envisagent plutôt comme une envie, un mode de vie en lien avec le réel et non leur pathologie, qui a fait qu’on les a pris en charge au début.

Nous avons remarqué que les demandes d’activités, d’ateliers provenant des patients sont celles qui fonctionnent le mieux et permettent d’évoluer au fil du temps.

Nous essayons de mettre l’accent sur “l’après” qui n’est pas le côté le plus facile. Parfois certains patients sont autonomes. Ils vont effectuer la démarche d’inscription dans un club, une association par eux même. Mais d’autres ont besoin d’être accompagnés.

Le moteur c’est le lien social entre les participants. La rupture au bout des 3 mois peut être compliquée à gérer pour certains d’entre eux. La dimension sociale est très importante.”

Former pour mieux comprendre… et ouvrir de nouveaux horizons.

“Au delà de son rôle de coordination des programmes ETP, l’UTEP est devenue une entité formatrice au niveau de l’Éducation Thérapeutique du Patient. Nous intervenons lors de manifestations régionales et organisons deux formations annuelles destinées aux professionnels de santé de l’établissement, aux libéraux, aux non soignants (comme l’EPGV par exemple) mais aussi aux patients.

Notre volonté est de former les personnes de l’extérieur, tout en étant à l’écoute des professionnels de santé à l’extérieur de l’hôpital. L’ambition est avant tout de créer du lien, développer un réseau. Ce programme de sensibilisation de 40 heures est basé sur l’échange. Les partenaires se rencontrent, discutent facilement. Cela donne lieu à un mélange des professions et des origines des participants.

Le Programme d’Education Thérapeutique est centré sur le patient. L’évolution naturelle était de les impliquer dans cette formation afin que notre façon de travailler reste en phase avec leurs besoins.

L’idée est de “désenclaver” ce que l’on fait et de créer du lien directement humain. Nous recevons des sollicitations aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur de l’établissement pour cette formation. Cela démontre une réelle demande : les personnes en lien avec les programmes ETP doivent êtres formées. Il est important de s’impliquer.

Durant cette formation, nous abordons les spécificités de la maladie chronique, la dimension psychosociale, la manière de voir ce qu’est l’éducation thérapeutique, la posture du soignant…

Nous essayons de faire travailler les participants d’une façon différente : on privilégie les échanges, la recherche en commun, l’interrogation perpétuelle.

Des personnes “externes” interviennent comme c’est le cas par exemple de Nicolas Gallon, de l’association DAHLIR. Certains ont déjà participé à ces formations. Nous travaillons avec l’équipe du Centre Hospitalier de Moulins, les formations se déroulent 50% du temps à Vichy et 50% du temps à Moulins.”


Propos recueillis par Carine Bonnal