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Docteur Joan Edoh, médecin généraliste et prescripteur d’activité physique sur ordonnance

Publié le 1 octobre 2020

Docteur Joan Edoh, médecin généraliste et prescripteur d’activité physique sur ordonnance

Médecin généraliste, installé depuis une dizaine d’année à Saint-Pourçain sur Sioule, le Docteur Joan Edoh considère l’activité physique, comme “le meilleur des médicaments”. Formé au sein du service “Médecine du sport” du CHRU de Clermont-Ferrand, il souhaitait depuis longtemps mettre en place un projet autour de l’accompagnement de ses patients.

“Bien que nous soyons dans un territoire encore préservé, de plus en plus de personnes sont touchées par un diabète de type 2. Cette affectation ne touche plus seulement un public de 60 ans et plus. Elle est de plus en plus en fréquente chez des personnes ayant 40 à 50 ans.

En tant que médecin généraliste, mon rôle va être d’assurer la prévention auprès de mes patients, et cela dans de nombreux domaines : la vaccination, la pratique d’une activité physique régulière… Selon moi, tout commence par la prévention : mieux vaut prendre les choses en amont puis, par la suite et si nécessaire, mettre en place un traitement. C’est d’ailleurs ce que je martèle auprès de mes patients “Moins je vous prescris de médicaments, mieux c’est.”

Mais surtout, au quotidien j’écoute mes patients (d’autant plus en ce moment). Dans la relation patient – médecin traitant, il est indispensable d’avoir une adhésion et une confiance réciproques. Si l’on veut assurer notre mission de prévention, c’est nécessaire !”

Depuis quelques mois, le Docteur Edoh s’appuie sur le Dispositif d’Accompagnement vers la Pratique d’Activité Physique (DAPAP) pour faciliter la prescription d’activité physique auprès de ses patients atteints de pathologies chroniques ou à risque.

“Je voudrais vraiment insister sur les bienfaits liés à la pratique d’une activité physique adaptée et régulière. Et cela, pas seulement pour beaucoup de pathologies. Dans un bon nombre de cas, couplé à un rééquilibrage alimentaire, cela peut permettre de repousser l’introduction d’un traitement, de diminuer celui-ci, voire dans des cas exceptionnels, de l’arrêter.

Je n’emploie jamais le terme “sport” auprès de mes patients, je préfère celui d’activité physique ! Cela rassure et permet de dédramatiser…

Lorsque je reçois un patient susceptible d’être accompagné par le DAPAP, je mène d’abord un travail de repérage. J’essaie d’évaluer sa motivation, car il s’agira avant tout d’une démarche personnelle pour contacter le chargé d’accompagnement DAHLIR*, puis intégrer un atelier passerelle, ou une activité adaptée en club…

Au delà de la prévention, mon rôle est aussi de responsabiliser les patients afin qu’ils deviennent acteurs de leur santé. Je leur transmets des informations, des outils comme le DAPAP, mais je ne peux pas faire à leur place !

L’accompagnement DAPAP est structuré et va leur permettre de reprendre confiance en leurs capacités.

 

Nous essayons de mettre en place un protocole avec les infirmières Asalee qui interviennent dans le cadre de l’Éducation Thérapeutique afin de mieux repérer, accompagner et assurer le suivi des patients dans cette démarche.

Plus nous serons d’acteurs de terrain qui marchons ensemble dans la même direction, mieux cela fonctionnera. Nous pourrons ainsi assurer la promotion du DAPAP auprès des patients.”

Concernant le développement de la prescription d’activité physique sur ordonnance, le Docteur Edoh a une vision très réaliste. Selon lui, les principaux acteurs de cette prescription sont les médecins généralistes. Il admet qu’à ce jour, cette pratique est encore peu utilisée faute de temps, et parfois méconnue…

“Il faut qu’on l’intègre davantage dans nos pratiques. Le DAPAP est un superbe outil. J’aimerais pouvoir accorder davantage de temps à la prévention et l’éducation thérapeutique du patient.”

Pour lui, les facteurs clés de la réussite d’un projet d’activité physique chez le patient sont :

  • l’intégration d’acteurs de terrain, tels que les infirmières Asalee, pour que le dispositif prenne,
  • le suivi de proximité des patients en lien avec ces acteurs de terrain,
  • un travail de sensibilisation pour “responsabiliser” les patients et les inciter à prendre soin d’eux,
  • et surtout du renforcement positif :

“Je le fais auprès de mes enfants, mais aussi des patients. Il faut toujours essayer de trouver l’élément positif dans toute situation ! Par exemple, dans le cas des patients, c’est se rendre compte de sa progression… Bref, il faut insister sur la réassurance”, conclut-il.

 


Propos recueillis par Carine Bonnal