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Le service pénitentiaire d’insertion et de probation de Haute-Loire

Publié le 24 juillet 2019

Le service pénitentiaire d’insertion et de probation de Haute-Loire

“La pratique d’activités change le type de relation avec le public suivi. Cela favorise la réinsertion par d’autres biais : physique, culturel, artistique…”

Un partenariat entre le SPIP de Haute-Loire et le Dahlir 43, pour remobiliser le public.

Voilà plusieurs années qu’un partenariat a pris forme entre le Service Pénitentiaire d’Insertion et de Probation (SPIP) de Haute-Loire et l’association DAHLIR.

L’objectif ? Favoriser la remobilisation du public suivi par le SPIP, en s’appuyant sur un maillon central : l’activité physique.

Afin de prévenir la récidive délinquantielle, le Service Pénitentiaire d’Insertion et de Probation a pour missions :

  • de suivre les personnes placées sous main de justice (PPSMJ) qui sont condamnées à des peines alternatives à l’emprisonnement pour le contrôle des obligations auxquelles elles sont astreintes dans le cadre de leur condamnation ;
  • de suivre les personnes détenues dans le cadre de leur parcours de peine, pour prévenir les effets désocialisants de leur incarcération, favoriser le maintien des liens sociaux et familiaux et préparer leur sortie ;
  • d’aider l’autorité judiciaire dans sa prise de décision ;
  • d’accompagner et d’aider les PPSMJ dans leur insertion. A ce titre, le SPIP a pour mission de développer un partenariat adapté aux problématiques de son public (hébergement, emploi, santé, accès aux droits…) et favorisant son insertion.

Ainsi, par le biais de stages et/ou de journées découvertes autour d’activités physiques, l’équipe de conseillers pénitentiaires d’insertion et de probation de Haute-Loire tente de mobiliser les personnes, sur leur santé et leur bien-être.

Des stages et journées découvertes durant l’année.

Au mois d’avril dernier, c’est à Brioude qu’a eu lieu le dernier stage.

Au programme, découverte d’activités telles que le kung fu, le yoga, le tennis de table ou encore l’escalade avec la co-animation du DAHLIR et du SPIP.

“Le premier jour, deux participants ont pris part aux activités. Le lendemain, un jeune homme nous a rejoint, se rappelle Francis Bonnet, conseiller au sein du SPIP 43. La pratique d’activités au sein d’un petit groupe peut être bénéfique : cela favorise l’intégration, les échanges entre participants et la mise en confiance.”

Au fil des années, la “formule” d’expérimentation a peu à peu bougé, jusqu’à proposer aujourd’hui trois stages durant l’année, ainsi que deux journées découvertes entre chacun de ces stages.

Durant ceux-ci, un panel d’activités physiques est proposé afin de permettre aux participants de découvrir différents sports et d’évaluer leur potentiel physique dans ces diverses disciplines.

L’activité physique : un support essentiel pour la réinsertion sociale.

“Le vecteur activité physique est un maillon essentiel déclare Pierre Goubet, conseiller en insertion. Grâce à ce support, on s’adresse au corps, pas seulement à l’esprit. C’est un véritable levier pour la personne et pour nous aussi dans la réalisation de notre travail. Cela nous permet de détecter où la personne se trouve mais surtout d’évaluer ses compétences  ou ses freins grâce au “faire” plus qu’au “dire”.”

Tous les conseillers peuvent être amenés à proposer cette prise en charge originale lorsqu’ils en repèrent le besoin chez la personne, qu’elle soit en milieu ouvert ou incarcérée (problème de santé, isolement social… ).

“La remobilisation par l’activité physique constitue un autre vecteur que la communication pure et simple que nous pouvons avoir avec la personne en face de nous, soutient Pierre Goubet.

Nous travaillons de concert avec l’équipe des chargés d’accompagnement du DAHLIR afin de remobiliser la personne, identifier quels peuvent être ses freins. L’idée étant de pouvoir utiliser l’activité physique et sportive comme support dans le travail de socialisation, de confiance en soi….”

Vers un mieux-être et un mieux vivre ensemble.

Toutefois, de nombreux obstacles restent à lever, reconnaissent les deux conseillers en insertion. La difficulté première consiste à mobiliser les personnes sur les journées de stage. Une seconde réside dans  l’absence de mobilité géographique d’une partie non négligeable du public… mais tout parcours de réinsertion sociale passe par une remise en route, quelle qu’elle soit. Souvent c’est le premier pas qui est le plus difficile.

“La Haute-Loire compte des territoires ruraux et isolés, rappellent les deux conseillers. Il n’est pas simple, même pour un jeune, de rompre cet isolement, de rencontrer d’autres publics et de créer du lien social. Nous essayons de développer des types de prise en charge originales et adaptées.

En ce sens, le partenariat avec le DAHLIR est très riche : nous sommes dans l’élaboration permanente. Le dispositif comprend nos enjeux et inversement.”

Durant les stages, les conseillers d’insertion du SPIP pratiquent les activités en même temps que les participants. Arrivé cette année au sein du SPIP de Haute-Loire, Françis Bonnet a découvert par la même occasion cette prise en charge via le DAHLIR.

“Le fait de vivre ensemble des activités modifie notre relation avec  le public suivi. C’est un lien qui s’instaure sur le plan humain et permet d’approfondir les choses. Au niveau de l’accompagnement, ce ne peut être que bénéfique.”

Temps de parole, activités physiques…

Bien loin de la pure dimension récréative, l’objectif est ailleurs. Ici, on mise sur le développement personnel pour favoriser un mieux-être, un mieux vivre ensemble.

En bref, des visées comportementales nécessaires au quotidien et destinées à favoriser la réinsertion sociale.

“On met en route le corps pour travailler sur l’esprit : c’est plutôt inspirant de travailler de cette façon, reconnaît Pierre Goubet.”


Propos recueillis par Carine Bonnal