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Le CHRS CCAS de la  ville de Clermont-Ferrand

Publié le 11 août 2017

Le CHRS CCAS de la ville de Clermont-Ferrand

Le CHRS du Centre Communal d’action Sociale (CCAS) de la ville de Clermont-Ferrand est l’un des rares en France à être géré par une collectivité territoriale. Dans le cadre de sa politique sociale, la ville de Clermont-Ferrand a développé cette structure visant à venir en aide au public en difficulté.

Antoine Rageau est l’un des trois travailleurs sociaux au sein du CHRS CCAS. Lui et ses collègues accompagnent au quotidien les résidents afin de stabiliser leur situation de manière durable. Rencontre.

Quel est le champ d’action du CHRS Auger ?

Historiquement, le CHRS Auger accueille des hommes isolés. Cela ne signifie pas qu’ils n’ont pas de famille mais ils vivent seuls. Nous hébergeons 31 résidents âgés de 18 à 90 ans, sur une période indéterminée, dans le cadre de contrats de séjour qui peuvent durer 4, 6 mois, voire des années. Nous accueillons également les situations d’urgence du 115. Enfin, nous assurons le suivi des personnes sorties du CHRS.

Tous ont en commun d’avoir vécu une rupture dans la vie : qu’elle soit familiale, professionnelle, due à la santé ou au logement.

Nous les accompagnons afin qu’ils ne revivent pas ce choc. Revenir à la « vraie » vie après plusieurs mois passés au CHRS peut être violent. C’est pourquoi nous pouvons réaliser ce suivi et ainsi leur permettre de consolider leur autonomie.

Nous sommes un point de repère et d’ancrage important pour eux. Notre volonté est de leur éviter à tout prix qu’ils retournent à la rue. Et cela fonctionne plutôt bien jusqu’à maintenant.

Comment décririez-vous vos missions au quotidien ?

Nos principales missions sont :

  • La gestion du volet administratif : l’accès aux droits pour chacun
  • Le développement d’actions autour de l’insertion telles que la recherche d’emploi, la reprise d’activité ou bien la formation
  • Enfin, la prise en charge de la santé et re-logement par la suite.

 Comment se déroule « un jour » type durant la semaine ?

Nous travaillons du lundi au vendredi. Pour résumer, une journée type commence d’abord par un point avec l’équipe de nuit. Puis je faxe les places disponibles et les personnes prises en charge au 115. Par la suite, je travaille « chez » les gens : nous sommes au rez-de chaussée de leur logement. Nous les accueillons pour faciliter les relations avec certains interlocuteurs administratifs par exemple.

Nous sommes garants de leurs projets.

Je dirais que notre arme principale est le téléphone, ainsi que les mails. En tant que travailleurs sociaux, nous sommes des « généralistes » du social, pas des spécialistes. Nous n’allons pas leur trouver un emploi, une formation.

Nous accompagnons ces hommes afin de consolider leur projet, à long terme.

Parfois, ce n’est pas simple. Il arrive que suite à de gros troubles de santé, la personne ne puisse jamais plus retravailler. Alors nous travaillons ensemble pour mettre en place des solutions de revenus, mais pas que. Il s’agit aussi de traiter les aspects liés à la santé, à leurs activités…

J’exerce ce métier depuis 18 ans et chaque jour, je pratique des choses nouvelles.

Concrètement, quel est le point de départ pour accompagner la personne dans son projet ?

La première étape est d’essayer de cerner, comprendre la situation de la personne et ainsi gagner sa confiance.

Cela nous permettra d’aller au cœur des difficultés, de mieux comprendre ses souffrances et ne pas travailler simplement que sur les symptômes.

Là, notre action sera pertinente et nous pourrons trouver des plans d’actions, ensemble. Il faut qu’il se sente accompagné dans quelque chose qui sera cohérent. Nous sommes les gardiens de leur projet et cela suppose évidemment une grosse confiance de leur part.

De quelle manière, la pratique d’activités physiques peut intervenir dans leur projet ?

Le dispositif DAHLIR Insertion peut permettre d’accélérer le processus de confiance.

Chaque semaine Cédric ou moi-même prenons part aux activités sportives proposées par Claire Cordelette au groupe de résidents volontaires.

C’est le seul espace où la barrière institutionnel tombe. Ils nous voient comme des « sportifs » (rires) en tout cas des participants comme eux.

La confiance peut davantage s’établir en vivant ce genre de situation. C’est très positif pour leur épanouissement personnel, leur estime de soi, leur hygiène de vie et leur santé.

La phase 2 du dispositif, c’est-à-dire, l’inscription dans un club ou association sportive, est très enrichissante pour eux. Cela leur permet d’aller vers l’extérieur, de côtoyer des personnes issues d’autres milieux. C’est très valorisant pour eux.

Lorsqu’ils commencent à se dire « Je retrouve du plaisir dans telle ou telle activité », on se dit qu’un chemin a été parcouru.

Claire pourra les rassurer en les accompagnent lors de séances d’essai et pour l’inscription dans le club.

En parallèle, nous mettons en place des actions visant à leur faire reprendre petit à petit leur vie en main. Par exemple, nous avons un projet ambitieux au niveau de la parentalité : nous mettons à disposition de certains pères, qui ont un droit de visite et d’hébergement de leurs enfants, un appartement qui leur permet de les accueillir durant le week-end, les vacances ou même sur la journée. Cela leur permet de se réapproprier ce rôle de père.

Egalement, au niveau de l’accès à la culture : nous les incitons à consommer des loisirs comme tout un chacun. Si je devais résumer nos actions, le plus important n’est pas de traiter les difficultés sur le plan administratif, mais plutôt acquérir des outils adaptés pour faire évoluer leur situation durablement.


Propos recueillis par Carine Bonnal