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Dans l’œil du chercheur n°2 #ImpactSocialparleSport

Publié le 21 octobre 2022

Dans l’œil du chercheur n°2 #ImpactSocialparleSport

Nicolas Penin, de l’Université d'Artois et Loïc Sallé, de l’Université de Lille et membres de l’Atelier SHERPAS nous expliquent leurs rôles et leur démarche dans le projet Impact Social par le Sport.

Membres de l’Atelier SHERPAS, du laboratoire régional URePSSS, de l’université d’Artois et de Lille, Loïc Sallé et Nicolas Penin font partie d’une équipe pluridisciplinaire qui s’attache aux sciences expérimentales, humaines et sociales. Tous deux maîtres de conférences de sociologie, ils ont choisi de rejoindre le programme Impact Social par le Sport.

 

En quoi le programme Impact Social par le Sport vous intéresse ?

Au sein du laboratoire SHERPAS, nous nous intéressons aux effets de l’activité physique sur la composition ou recomposition de lien social, de manière très générale. Nous travaillons auprès de publics en situation de vulnérabilité et des habitants de quartiers prioritaires de la ville. Nous sommes sensibles à la portée sociale de nos travaux. Il arrive que l’on soit frustrés que ça s’arrête à une publication. Nous pensons que ce qu’on peut produire a une utilité pour nos partenaires et pour les populations. Et c’est ce qui nous a motivés à rejoindre le programme Impact Social par le Sport. Il ne s’agit pas juste d’une sollicitation d’expertise, mais bien d’un travail partenarial.

Impact Social par le Sport se démarque aussi par l’importance donnée à la recherche et au développement, ainsi que par son organisation à la manière d’un consortium entre les trois associations fondatrices : Breizh Insertion Sport, DAHLIR et Rebonds!

Et puis, nous avons une sensibilité proche avec les laboratoires VIPSs et IFERISS. Cette première année permettra de mieux comprendre comme chaque association développe le socio-sport au sein des trois structures et en lien avec les clubs volontaires membres de la FFCO.

 

Quels vont être les principes directeurs de votre démarche ?

Dans notre cas, nous travaillerons sur le champ d’actions de l’association DAHLIR. Nous nous rendons au plus près de celles et ceux qui sont sur le terrain, via des rencontres, des entretiens auprès des membres du DAHLIR et de la Jeanne d’Arc Alouettes de Caluire, l’association omnisport.

 

Et quels pourraient être les points de vigilance de votre étude ?

Le champ du socio-sport n’est pas facilement définissable car il est en train de se construire. Est-ce que le socio-sport va tenir aux publics accompagnés ? Est-ce qu’on le définit par des méthodes, des façons de faire, des effets produits ?

Avec les autres laboratoires, nous allons faire le jeu de la comparaison entre nos différents terrains de recherche. Il faudra relativiser le côté très situé de ce que chacun pourra voir.

Nous allons partir du terrain pour définir un périmètre du socio-sport, un point avec lequel composer. On observe ceux qui le font et on voit ce qui se passe. Puis on identifiera les éléments de conditionnalité. C’est déterminant pour pouvoir apporter quelque chose pour l’intervention, au-delà d’une « recette » dont on ne sait pas si elle pourrait fonctionner ailleurs que sur les terrains étudiés.

Le motif de vigilance que nous pouvons déceler est aussi lié à la temporalité. Il est souvent difficile de voir les effets qui vont apparaître dans le temps. Parfois les effets sur les personnes s’observent des années plus tard. C’est là toute la justesse et la différence du programme : il s’agit d’ « Impact social par le Sport » et non pas « Impact Social du sport ». Cela renvoie au support.

 

Quel est l’intérêt du programme Impact Social par le Sport pour la société, d’après vous ?

De façon très générale, nous pouvons observer une très forte inégalité de répartition de l’activité physique sur le territoire français. Cette inégalité de distribution relève parfois d’une forme d’injustice lié aux équipements des territoires. Là où les habitants disposent de moins de ressources pour se déplacer, il y a moins d’équipements. Ces inégalités d’accès à l’activité physique sont bien indépendantes de la responsabilité des habitants.

Or, potentiellement, l’activité physique peut-être un ressort puissant pour accéder à un public éloigné, par exemple dans les quartiers prioritaires, que d’autres structures ont du mal à toucher. C’est un enjeu beaucoup plus large pour la société. On peut apprendre des choses par l’activité physique. Des compétences peuvent s’y acquérir et peuvent être utiles. Des choses qui relèvent de la configuration des liens sociaux. Mais ces effets attendus n’ont rien d’automatiques, ils dépendent largement des conditions de mise en œuvre des programmes d’intervention.


Propos recueillis par Pierre Boccon