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Création et développement du DAHLIR #10ans🎂

Publié le 28 juin 2022

Création et développement du DAHLIR #10ans🎂

Cette année, le DAHLIR a 10 ans ! Et pour célébrer cette première décennie, nous nous replongeons dans son histoire. Pour le second article de cette rubrique, Daniel Sansano, co-fondateur de l'association, nous raconte sa genèse et son développement.

D’abord, pouvez-vous nous indiquer comment est né le concept du DAHLIR ?

Le concept du DAHLIR est apparu en 2006. J’étais professeur de sport à la Direction Départementale de la Jeunesse et des Sports (DDJS) de la Haute-Loire, et je travaillais dans le même bureau que Pierre-Emmanuel Baruch (directeur du DAHLIR). Il occupait alors les fonctions de chargé de développement pour le Comité Départemental de Sport Adapté, et on interagissait beaucoup sur les problématiques que rencontraient les personnes en situation de handicap pour accéder à la pratique sportive. De par ses fonctions, Pierre-Emmanuel a organisé un événement au Puy-en-Velay qui permettait à des personnes en situation de handicap de découvrir plusieurs sports via les comités départementaux.

A la suite de cet événement, Pierre-Emmanuel reçoit un appel des parents d’un jeune garçon en situation de handicap, qui a découvert la pétanque et qui souhaite continuer. Une problématique se présente, puisqu’il n’y a pas de club de pétanque adapté sur le Puy. Pierre-Emmanuel lui propose alors de pratiquer en milieu ordinaire, avec des personnes valides, et rassure les parents en proposant d’accompagner le garçon lors de sa première séance, après avoir tout organisé et planifié avec le président du club.

La séance d’essai se passe bien, le jeune homme devient autonome dans sa pratique et dans ses déplacements pour aller au club. C’est le premier accompagnement.

Pierre-Emmanuel passe ensuite à autre chose, mais le bouche à oreille fonctionne très bien, et le téléphone n’arrête pas de sonner. On comprend alors qu’on a mis le doigt sur quelque chose, presque par hasard.

Le processus est ensuite lancé. Il y de plus en plus de demandes d’accompagnements. Et ces accompagnements se font toujours en partant du terrain. D’abord, ils se font vers le sport, puis on reçoit aussi des demandes pour des accompagnements vers des centres de loisirs. Cela se fait notamment grâce à l’aide de la Maison Départementale des Personnes Handicapées (MDPH), dirigée à cette période-là par André Bertrand (président du DAHLIR).

 

En 2012, le DAHLIR prend le statut de l’association. Pourquoi ? Comment ce changement a été fait ?

Au début des années 2010, nos actions étaient encore liées au Comité Départemental de Sport Adapté, Pierre-Emmanuel Baruch étant encore chargé de développement. Mais il faisait beaucoup d’actions qui sortaient du cadre du sport adapté, beaucoup d’accompagnements, que cela soit en milieu ordinaire, mais aussi pour la pratique d’autres loisirs (culturels notamment) et en centre de loisirs.

En 2011, c’est aussi le début du DAHLIR Insertion. Le dispositif s’étend donc à de nouveaux publics, éloignés du handicap.

Après plusieurs années de réflexion, il a donc été logique de créer une association. La création de cette nouvelle structure s’est alors faite en accord avec le Comité Départemental de Sport Adapté, qui est resté un partenaire important et dont plusieurs membres sont présents au sein du Conseil d’Administration du DAHLIR.

Cette nouvelle indépendance a aussi permis au DAHLIR d’avoir de plus nombreux financements, de sources différentes.

 

Comment et pourquoi s’est créé ce lien fort avec les services de l’état ?

Comme je l’ai déjà indiqué, au départ, Pierre-Emmanuel et moi étions dans le même bureau, à la DDJS. Pierre-Emmanuel était donc au carrefour des acteurs de la Direction Départementale.

Puis, le DAHLIR est vite devenu le bras armé d’une politique publique. On n’est pas simplement une association à qui l’Etat donne des subventions, mais on apporte une plus-value, on a un impact dans les services publics. On est des partenaires des services de l’Etat.

Si on a maintenant une dimension nationale, le DAHLIR a des financements à tous les niveaux : européen, national, régional et départemental. Le DAHLIR est ancré dans le territoire.

 

Comment le développement de l’association s’est ensuite réalisé, notamment avec les services de l’Etat et les autres acteurs ?

D’abord, le développement s’est fait selon les réformes gouvernementales et les évolutions des structures sur le territoire. En 2011, le sport se marie avec la cohésion sociale, et la DDJS devient la Direction Départementale Cohésion Sociale (DDCS). Il y a alors des réflexions sur des actions communes entre le sport et le social. Et cela va entraîner le début du DAHLIR Insertion.

Selon une volonté régionale, le dispositif est expérimenté en Haute-Loire, avant d’être essaimé sur les autres départements de l’ex-région Auvergne. Le développement s’est donc fait en collaboration avec les services de l’Etat.

L’essaimage du dispositif Insertion fonctionne. Alors, sachant que la demande est présente, pourquoi ne pas étendre le dispositif Handicap à chaque département ? C’est ce qu’on a fait avec l’aide des directions départementales.

Puis, à partir de 2016, l’Etat annonce la réforme territoriale des régions. L’Auvergne devient l’Auvergne Rhône-Alpes. Il est donc logique que, de proche en proche, le DAHLIR s’étende à cette nouvelle région.

Cette expansion a aussi été aidée par des migrations de certaines personnes au cœur des services de la région. Certains représentants ont changé de secteur, et ont donc voulu amener le DAHLIR avec eux. C’est comme cela que le DAHLIR a pu arriver dans les Hautes-Alpes.

Enfin, il ne faut pas oublier que cet essaimage se fait toujours selon la demande du terrain. Avant de lancer les dispositifs, le DAHLIR effectue toujours un diagnostic d’un an sur le territoire, pour identifier les acteurs, les partenaires, les demandes…

 

Quelles sont les valeurs ou éléments forts que le DAHLIR a conservé depuis le début ? Qu’est-ce qui caractérise l’association ?

On s’occupe des personnes en situation d’handicap, des personnes qui ont des problèmes de manière globale. Et contrairement à d’autres acteurs de ce domaine, la majorité du budget du DAHLIR provient de financements publics. Ce n’est pas via des sponsors ou mécènes que le budget est créé.

De même, avec le DAHLIR, on va au bout d’une aventure humaine. On propose des accompagnements qui sont gratuits pour la personne accompagnée, en travaillant en partenariat avec les autres acteurs. C’est ça qui fait l’aspect unique du DAHLIR. On travaille en réseau. Par exemple, on essaye d’amener les gens vers l’emploi. Donc on va travailler avec le Pôle Emploi, le GRETA, avec l’Ecole de la deuxième chance, avec les missions locales… On met de l’huile dans les rouages avec les différents acteurs présents : du côté des bénéficiaires pour desserrer les freins et qu’ils puissent pratiquer et du côté des partenaires et des institutions pour qu’ils travaillent ensemble. On fait de l’ingénierie sociale, on joue le rôle d’intermédiaire pour que tout le monde travaille ensemble.

Enfin, on essaye d’aider la personne sans tomber dans la surprotection ou dans la trop grande fermeté. Il faut l’aider jusqu’au bout de l’aventure, pour qu’il n’y ait pas de rupture, mais qu’elle avance aussi indépendamment. L’accompagnement sera donc toujours personnalisé, et c’est pour réaliser ces missions que nous avons créées un métier unique, celui de chargé d’accompagnement.

 

Un souhait pour les 10 ans du DAHLIR ?

Je pourrais simplement souhaiter que le DAHLIR continue de grandir, mais je vais partir dans l’autre sens. Grandir ce n’est pas une espérance, plutôt une crainte. Le DAHLIR répond à un besoin non satisfait. L’association réalise de la plus-value sociale en créant du lien, ce qui est peu commun dans la société actuelle. Le DAHLIR trouvera toujours des territoires prêts à l’accueillir et des partenaires prêts à le financer. Mais il faut arriver à évoluer sagement, en gardant l’âme du DAHLIR. Il faut que les valeurs et l’esprit de l’association infusent dans les nouveaux arrivants, les salariés…. Peu importe l’évolution, il faut garder notre âme. Il ne faut pas oublier pourquoi le DAHLIR est là, d’où il vient. Mon souhait est donc plutôt de ne pas grossir trop vite pour ne pas perdre la richesse qui fait le DAHLIR. Je souhaite donc un développement contrôlé, mais qui reste basé sur les valeurs de l’association.


Propos recueillis par Pierre Boccon