Actions inspirantes | Santé

Zoom sur le programme ETP du CHU Clermont Auvergne

Puy-de-Dôme (63)

Publié le 16 septembre 2018

Zoom sur le programme ETP du CHU Clermont Auvergne

Entretien avec Mélissa Roland, Professeur d’Activités Physiques Adaptées.

QUELLE EST LA PARTICULARITÉ DE CE PROGRAMME D’EDUCATION THÉRAPEUTIQUE DU PATIENT ?

C’est un programme individualisé et progressif, adapté à l’état de santé des personnes. Depuis sa mise en place, au CHU Estaing, il y a un an, nous avons accompagné plus de 25 patients adultes, issus des services d’oncologie digestive, gynécologique et hématologie des CHU Estaing, Gabriel Montpied et du centre Jean Perrin.

Il est composé de 36 séances d’activités physiques adaptées, qui peut s’étendre de 3 à 6 mois, selon l’état de santé, les besoins et le rythme des personnes. À raison de une à trois séances d’activités hebdomadaires, j’accompagne ces patients afin qu’ils reprennent confiance en leurs capacités. Au travers de ce programme, l’idée est de les relancer dans le bain de l’Activité Physique, vers une autonomie de pratique.

DE QUELLE MANIÈRE, UN PATIENT PEUT-IL ACCÉDER À CE PARCOURS ?

Avant tout, l’important est qu’il s’agisse d’une initiative personnelle. C’est un témoin de leur motivation. Le médecin oncologue va leur parler de ce programme et leur présenter les intérêts. Ils pourront ensuite me contacter afin que je leur précise les modalités de fonctionnement. Puis ce sera à eux d’effectuer la démarche : à savoir contacter le secrétariat pour prendre un rendez-vous avec le médecin du sport qui effectuera un bilan. Je les rencontre par la suite afin de réaliser avec eux un panel de tests (physiques, cognitif …), qui me permet d’évaluer le niveau global de la condition physique du patient afin d’adapter au mieux le programme qui leur sera proposé.

QUELS SONT LES BÉNÉFICES ATTENDUS DU CE PROGRAMME ?

Ce programme répond à un double objectif, selon la situation de la personne :

  • Pour un patient en cours de traitement, il s’agit avant tout de maintenir ses capacités physiques et ainsi limiter la fonte musculaire. On cherche à diminuer la perte de ses capacités cardio respiratoires et la fatigue induite par la maladie et le traitement. On aide les personnes à retrouver une meilleure qualité de sommeil, à diminuer leur état de stress, ainsi les traitements sont mieux tolérés et ils récupèrent plus vite. Au-delà de l’intérêt sur l’état physique, ce programme peut contribuer à ce que les personnes retrouvent confiance en leurs capacités, à faire, à entreprendre. A retrouver sa place au sein d’un collectif pour éviter ce sentiment d’exclusion auquel certains sont sujets.
  • En fin de traitement, la visée sera l’amélioration des capacités physiques et respiratoires et toujours de limiter le premier symptôme dû à la maladie et aux traitements eux-mêmes : la fatigue, qui peut persister des mois après l’arrêt des thérapeutiques. Il ne faut pas oublier aussi, qu’il est désormais démontré que la pratique régulière d’une activité physique adaptée permet de diminuer les risques de récidives de certains cancers, et permet également de diminuer le risque de développer des maladies cardiovasculaires (infarctus, AVC), un diabète de type 2 ou une obésité.

DURANT CES SÉANCES, VOUS ACCOMPAGNEZ LES PATIENTS DANS LA PRATIQUE D’ACTIVITÉS PHYSIQUES POUR QU’ILS REPRENNENT CONFIANCE EN LEURS CORPS, MAIS PAS SEULEMENT… POUVEZ-VOUS NOUS EN PARLER PLUS PRÉCISÉMENT ?

En tant que professeure d’activité physique adaptées, mon rôle va être de leur redonner confiance en eux, les relancer dans l’autonomie. Lors de chaque séance, je vais proposer quelque chose de différent, que ce soit dans les exercices ou le fonctionnement, afin d’éviter la routine.

Il faut toujours que ces activités leur permettent de découvrir, retrouver du plaisir.

D’ailleurs, durant les séances, nous parlons rarement de leurs pathologies. C’est un exutoire, des moments de partage, de convivialité. J’anime un groupe composé de 1 à 4 personnes afin d’accompagner au mieux les personnes dans leur pratique.

Nous avons une salle d’activités physiques, dédiée au sein du CHU Estaing. Mais je ne porte pas de blouse, l’ambiance est chaleureuse, je rajoute un fond musical pour animer la séance. Les personnes n’ont pas l’impression de revenir dans un hôpital. Généralement, elles arrivent en séance l’esprit chargé de leurs problèmes, j’essaie de faire en sorte qu’elles repartent avec le sourire et un sentiment de mieux-être, qui se répercute souvent auprès de leur environnement familial.

DE QUELLE MANIÈRE LES PRATIQUANTS PEUVENT-ILS FAIRE APPEL AU DISPOSITIF DAHLIR SANTÉ ?

C’est par l’intermédiaire du Professeur et Chef de service Martine Duclos, que j’ai rencontré Claire Cordelette, référente territoriale du DAHLIR 63. Notre premier rendez-vous a eu lieu en janvier 2017 et tombait à point nommé : certains pratiquants terminaient leur programme. Il nous était parfois compliqué de les aider à trouver une structure adaptée à leurs besoins, à leur état de santé mais aussi à leurs contraintes géographiques.

C’est pourquoi le DAHLIR a tout son sens dans la continuité de ce parcours. Pendant ces 36 séances, nous avons noué des liens de complicité. En leur conseillant l’accompagnement du DAHLIR, ils sont rassurés et s’engagent plus facilement. Ils ont rencontré Claire Cordelette, au moins une fois, sur l’une des séances. Là aussi, l’initiative doit venir d’eux. C’est le pratiquant qui prend contact avec Claire afin de poursuivre une activité, dans une association ou un club, en toute autonomie.

La sortie du programme se fait alors en douceur grâce au relais du DAHLIR, sachant qu’un suivi est également réalisé par le service, 3 mois après la fin du programme, 6 mois, puis tous les ans, afin de garder un contact avec le pratiquant.


Article rédigé par Carine Bonnal