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Le succès des ateliers artistiques donne lieu à une exposition

Allier (03)

Publié le 17 juin 2022

Le succès des ateliers artistiques donne lieu à une exposition

Le partenariat entre le DAHLIR et l'ANEF 63 a permis de créer pour les personnes hébergées au CHRS de Vichy des ateliers artistiques, ateliers qui ont connu un vrai succès et qui ont mené à un vernissage des œuvres réalisées.

Ce mardi 14 juin, le Centre d’Hébergement et de Réinsertion Sociale (CHRS) de l’ANEF 63 à Vichy organisait le vernissage des œuvres réalisées par les bénéficiaires de l’établissement lors d’ateliers artistiques menés depuis un an en partenariat avec l’association DAHLIR.

Partenaires depuis 2016, les deux associations ont mis en œuvre un projet artistique dès 2021 avec comme point de fuite, la fabrication d’une pièce de théâtre entièrement réalisée par les personnes accompagnées et hébergées au CHRS.

Reportage diffusé par France 3 Auvergne – Diffusé le 14/06/2022

Une pièce de théâtre à jamais en suspens…

Avec pour objectif de multiplier les compétences d’accompagnement social vers l’insertion en se concentrant sur la culture et le sport, le partenariat entre les deux associations s’articule rapidement autour d’un programme ambitieux, et fort de sens : travailler sur la capacité à s’exprimer sans craindre le regard de l’Autre. L’idée de monter une pièce de théâtre, du début à la fin, se fait vite une place au sein de la fourmilière à idées que devient le CHRS. Des décors jusqu’à la musique, en passant par l’écriture des dialogues, la conception des costumes et celle du maquillage, absolument tout devait être effectué par les bénéficiaires. L’une des retombées souhaitées de cette démarche : permettre aux hébergés de prendre confiance en leurs capacités et en leurs compétences.

Le projet théâtre est officiellement lancé entre mai et juin 2021, avec l’aide de la compagnie Procédé Zèbre, qui intervient lors des ateliers. Une véritable expérience pour l’ANEF 63, accompagnée par l’expertise du DAHLIR, qui intègre des activités culturelles au sein de ses démarches d’accompagnement. Pendant plusieurs mois, les hébergés ont donc travaillé à la construction de décors lors d’ateliers artistiques coordonnés par le DAHLIR, à hauteur d’une fois par semaine. Un travail de longue haleine, mais rempli de passion et d’enthousiasme. Maïté Gauthey, infirmière au CHRS de Vichy explique : « On a découvert des talents cachés ! Même si travailler à la prise de parole en public était un peu dur au début, on a tellement ri, on s’est tellement amusé que la pression qu’ils ont pu ressentir au début s’est vite évanouie ».

Prévue pour décembre 2021, la première représentation de la pièce sur le thème du Golem a été repoussée jusqu’en janvier 2022 en raison de la situation sanitaire, avant d’être cette fois complètement annulée. Une décision lourde de sens pour les bénéficiaires, en particulier pour Joëlle et Christiane qui avaient donné de leur temps et de leurs talents pour mener ce projet à bien. Cependant, bien que le roulement parmi les résidents du CHRS ne permettra jamais à la pièce de voir le jour, les équipes du DAHLIR et de l’ANEF 63 ont décidé de rebondir pour mettre en avant les talents, parfois cachés, des personnes hébergées par le CHRS. A l’initiative de Joëlle, un nouveau format est alors pensé afin de raconter leurs histoires : la création d’une exposition.

Le CHRS de Vichy comme musée

Pour Claire Cordelette, coordinatrice nationale du DAHLIR Insertion, « l’art et la culture sont l’un des nombreux moyens que nos deux associations mettent en place pour lever les freins concomitants à toute situation sociale ». Une vision partagée par deux des artistes, Christiane et Joëlle, présentes sur place hier pour parler de leurs œuvres, et pour lesquelles « l’art et les couleurs ont une signification très importante et une place tout aussi grande dans notre quotidien ».

Il a donc fallu apprendre à faire fi de cette pièce sur laquelle sept longs mois ont été passés. Mais hors de question pour les équipes du DAHLIR et du CHRS de Vichy de laisser aux oubliettes les œuvres et leur signification. Sous la supervision des professionnels des deux associations, et avec l’accompagnement professionnel de Delphine Manet de l’Atelier d’Art « Arte Factory », une exposition est alors organisée pour valoriser les travaux des 8 participants. Un vernissage, qui a demandé un mois d’organisation pour transformer les locaux du 11 Place Jean Épinat en véritable musée d’art.

« Tout ce que j’ai fait, ça m’a énormément apporté. A travers ce projet, j’ai pu dépasser mes limites », explique Joëlle, particulièrement émue. Pour Christiane, le projet lui a permis de « [s]’exprimer à nouveau, de renouer avec certains éléments que j’avais pour habitude de faire lorsque j’étais encore chez moi ».

Cet après-midi, passé sous le signe de la rencontre et du partage, est le résultat de convictions partagées par les deux associations référentes : celles selon lesquelles l’art peut œuvrer comme un réel levier d’insertion pour les publics en situation de précarité sociale grâce à la multiplication des moments d’échange et d’expression.

« L’art ça sert à énormément de choses. On peut l’utiliser pour se libérer d’un poids, pour s’exprimer, pour faire passer un message, raconter des histoires. C’est une sorte de médicament », partage Christiane pour qui certaines des œuvres réalisées lui ont permis de vivre de manière plus apaisée le deuil de l’un de ses parents.

Un second chapitre pour la fin 2022 !

Présente au vernissage aux côtés des professionnels, partenaires et journalistes, Chantal Puyjarinet, vice-présidente de l’ANEF 63, déclare qu’il y a « vraiment de très jolies choses à voir et tout autant de belles personnes aux nombreux talents à rencontrer ». Ces talents, les bénéficiaires du CHRS entendent bien continuer à les révéler au grand jour grâce à l’accompagnement des professionnels qui les entourent.

Ce travail sur le corps et la parole que les personnes hébergées ont été amenées à réaliser marque les prémices d’un travail en perpétuelle expansion. « J’ai été agréablement surpris par les participants qui ont tous véritablement libéré leur parole lors des différents exercices. C’était l’objectif, je leur avais dit qu’il s’agissait d’un espace de liberté, sans tabou, où l’on pouvait tout dire et ils se sont pris au jeu », partage par Fabrice Dubusset de la compagnie Procédé Zèbre, animateur et intervenant sur les ateliers théâtre.

Bien que l’exercice de la prise de parole et le rapport au corps ne soit pas chose aisés, l’expérience a été plus que concluante. « J’espère simplement que tout ceci se reproduira dans les mois à venir, parce que ça fait du bien », partage Christiane.

Un souhait qui sera très certainement exaucé en fin d’année 2022. « J’ai déjà découvert des histoires, et j’ai hâte d’en découvrir de nouvelles, explique Claire Cordelette. Grâce au soutien de la DRAC Auvergne Rhône-Alpes (Direction Régionale des Affaires Culturelles), à l’engouement que ces ateliers ont su susciter chez les bénéficiaires, au succès que cette exposition a eu et au bien qu’elle a procuré aux personnes hébergées, nous pensons, bien évidemment, que ce genre de partenariat pourra continuer à exister ».

Cette histoire entre « des personnes et d’autres personnes qui essaient de faire et de construire des choses ensemble » comme l’explique Claire Cordelette, conclue donc son premier chapitre avec ce vernissage, résultat d’une réelle initiation aux arts plastiques, qui s’est avéré, pour certains participants, très libératrice.

Au regard du succès rencontré par cette première expérience, le DAHLIR entend pérenniser ces actions en partenariat avec le CHRS de l’ANEF 63. Après s’être intéressée aux arts plastiques, la saison 2 des ateliers du projet Culture Phase 1 portera sur les arts musicaux.

Bravo aux huit artistes pour leurs travaux et pour les histoires que ceux-ci leur ont permis de nous raconter. Un immense merci au CHRS de Vichy pour avoir hébergé ce projet avec tant de passion et de bienveillance. Enfin, merci à l’ANEF 63 avec qui le DAHLIR collabore depuis plusieurs années. Ce partenariat, qui ne fait que se renforcer au fil du temps, permet de mettre en place de nombreux projets pour accompagner les personnes hébergées et les aider à s’insérer via le sport ou la culture.

Maintenant, plus qu’à attendre la saison 2. A suivre de (très) près !


Article rédigé par Pierre Boccon