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A la découverte des séances Phase I dans la Drôme

Drôme (26)

Publié le 19 avril 2023

A la découverte des séances Phase I dans la Drôme

Le 21 février dernier, j’ai pu assister, en compagnie de Léa, autre membre du Pôle Communication, à une des séances “Phase I” mises en place dans la Drôme. Récit d’une après-midi intense et sportive.

Après un petit périple de Clermont-Ferrand vers Valence, nous sommes prêts à accompagner Hugo Rivet-Rodriguez, chargé d’accompagnement pour le DAHLIR sur la Drôme, sur la séance d’activité physique phase I qu’il encadre pendant l’après-midi. 

Les phases I sont des séances d’activités physiques adaptées destinées à des personnes en situation d’isolement, de précarité sociale (notamment liée à des difficultés vis-à-vis de l’emploi). Elles vont permettre de travailler sur les freins dans leurs parcours : confiance en soi, esprit d’équipe, prise de décision… à travers l’activité physique et en lien avec son référent social. Cela correspond à une première remise en mouvement proposée par le DAHLIR, avant d’être accompagné en club. A Valence, Hugo collabore par exemple avec plusieurs CHRS, comme celui de l’ANEF, mais aussi avec les Restos du Cœur, qui accueillent de nombreuses personnes. 

 

Une grosse demi-heure avant la séance, nous arrivons au parking de la Comète, proche du Parc Jouvet. En effet, juste à côté, un grand espace ouvert avec plusieurs terrains de basket peut accueillir le public ! Après une météo très mitigée en première partie de journée, ce début d’après-midi est plutôt dégagé et agréable, les conditions sont donc idéales pour la séance ! 

Une bénéficiaire est déjà arrivée et patiente devant l’entrée des terrains. C’est Christina, qui vient pour sa première séance. Elle est bénéficiaire des Restos du Cœur, et réside pour le moment dans un logement diffus de l’association. Assez stressée mais très impatiente à l’idée de pratiquer, Christina est contente de nous voir arriver. Après de rapides présentations, Hugo se fond tout de suite dans son rôle de chargé d’accompagnement et discute avec la nouvelle venue. Sans qu’elle ne s’en rende compte, des premiers liens sont créés. Hugo, par sa bienveillance et sa “tchatche”, gagne déjà la confiance de Christina, et obtient des premières informations qui seront très importantes sur le futur suivi de la bénéficiaire. Son parcours, ses difficultés... Autant d’éléments qui permettront à Hugo de s’adapter à elle et modifier exercices et séances selon ses besoins. 

Une fois la glace brisée, nous choisissons de patienter tous les 4 en faisant quelques shoots sur le terrain. Hugo a en effet tout prévu en prenant un ballon. Cela permet de mettre Christina encore plus à l’aise, et nous aussi. 

Quelques minutes plus tard, une nouvelle personne arrive pour la séance. Une travailleuse sociale qui est étonnamment seule. Nathalie travaille pour le CHRS La Forêt de l’ANEF Vallée du Rhône, et vient chaque semaine sur les séances Phase I. Elle nous explique alors que même si elle n’a pas de personne à accompagner dans la pratique, elle fait l’effort de venir et de participer chaque semaine afin de rester en lien avec le DAHLIR et les autres structures. Cela lui permet de montrer l’exemple aux bénéficiaires du CHRS et des logements diffus et de leur montrer que des activités leur sont accessibles. 

Puis, après une dizaine de minutes, les retardataires arrivent enfin. Plusieurs bénéficiaires, accompagnés d’une travailleuse sociale, arrivent des Restos du Cœur et du CHRS le Saint Didier. Nous sommes maintenant presque une quinzaine à avoir répondu au rendez-vous donné par Hugo. 

 

La séance est désormais prête à débuter. Tout commence par une petite activation du corps, avec des étirements actifs. Bras, épaules, jambes, cervicales… Hugo n’oublie rien, et profite de ce dernier moment un peu plus calme pour créer des liens. Un tour des prénoms est organisé, pour que chacun puisse se connaître. En tant que membre du DAHLIR, Hugo demande même des applaudissements de tout le monde pour notre présentation ! Ce qui rendra jalouse Shirley, l’une des dernières arrivantes qui participe aux séances depuis plusieurs mois, qui les demandera aussi pour elle ! 

L’activation est désormais terminée, et nous finissons l’échauffement en effectuant 5 minutes de tours de terrain en courant. Nous voilà tous partis, chacun à notre rythme. Car en effet, tout est déjà adapté selon les possibilités de chacun. Si certains peuvent mettre un bon rythme, d’autres ne peuvent pour l’instant que marcher. C’était le cas de Sébastien qui au début ne pouvait pas courir à cause de plusieurs problèmes de santé, et qui désormais arrive à effectuer les 5 minutes sans s’arrêter. 

Pour cet exercice, je suis le rythme de Shirley, qui impose une très bonne cadence. Après de nombreux tours de terrain, ponctués en plus de plusieurs allers en talons-fesses, montées de genoux et course arrière, je suis bien échauffé et prêt à commencer le cœur de la séance.  

Cela a été plus dur pour certains, comme Christina, qui a dû très rapidement s’arrêter. Mais Hugo l’a tout de suite rassurée et motivée, tout en lui proposant un autre échauffement pour qu’elle soit prête pour la suite de la séance ! Et si d’autres “râlent” gentiment auprès d’Hugo pour dire que c’était dur et fatiguant, tous ont hâte de continuer. 

Après une rapide pause boisson, Hugo nous demande de nous espacer sur le terrain, pour effectuer un circuit de renforcement musculaire. Pendant plusieurs minutes, nous allons enchainer des mouvements en fractionné qui mobilisent différentes parties du corps et font monter le cardio. Jumping Jack, squat, fentes, abdos… Rien n’est oublié pour Hugo. Les exercices peuvent s’avérer difficiles pour certains bénéficiaires qui reprennent juste une activité physique, mais avec l’aide d’Hugo, tous les mouvements sont adaptés, comme les squats où les bénéficiaires descendront moins profondément. Christina par exemple s’accroche et ne s’arrête pas malgré la nécessité d’adaptations sur certains mouvements. John, au contraire, semble très à l’aise et montre toutes ses capacités sportives. Tout le monde s’accroche pour suivre le rythme endiablé imposé par le coach, mais tout se fait dans la bonne humeur. Vannes, chambrage bienveillant, il faut dire que Hugo sait mettre l’ambiance ! Peu importe son niveau et ses capacités, tout le monde participe avec joie. 

La première partie de la séance effectuée, un petit temps de repos est pris, afin de permettre à Hugo de mettre en place les ateliers suivants. Ils seront cette fois presque uniquement basés sur le cardio, avec en plus quelques mouvements de boxe et combat ! 

Nous sommes divisés par trio, et je me retrouve avec Sébastien, qui était déjà près de moi pour le début de séance, et Nathalie, la travailleuse sociale du CHRS la Forêt.
D’abord, pendant 1min30, nous effectuons un combat de “touche-épaules”. En position de boxeur, par deux, nous devons essayer de toucher les épaules de notre adversaire. Un exercice d’initiation à la boxe, qui nous permet de travailler les appuis, la coordination, les réflexes…. et dans lequel je m’avère être particulièrement médiocre ! Au contraire de Sébastien, qui me paraît bien trop agile comme adversaire.
Sur les autres ateliers, tout le monde est studieux et met du cœur à l’ouvrage.  

Au bout du temps imparti, nous passons à l’atelier suivant, qui consiste à réaliser des petits sprints ou courses entre des plots. Pour le basketteur que je suis, je ne peux m’empêcher de penser aux “suicides” que l’on me faisait faire étant jeune à l’entrainement ! Si cet atelier demande un peu moins de compétences, il est d’autant plus cardio et permet à chacun de repousser ses limites. 

Nous arrivons enfin au dernier atelier, qui consiste à passer une échelle de rythme en démultipliant nos appuis puis à réaliser une série de 3 coups de pieds. Nous devons cette fois montrer une certaine souplesse et coordination pour enchaîner rapidement les coups de pieds. Encore une fois, mes deux coéquipiers du jour se montrent plus à l’aise que moi sur ce mouvement… 

Pendant tout ce temps, Hugo est régulièrement venu nous voir, pour nous encourager, nous corriger et nous aider en cas de difficultés. Il est facile de ressentir que tout le monde est à l’aise et est mis en confiance pour donner son maximum, peu importe ses difficultés. 

La séance est maintenant terminée, mais le chargé d’accompagnement n’a pas encore envie de nous laisser partir, et a plutôt envie de finir sur un moment fort. Hugo nous donne alors un ballon de basket, et, tous ensemble, en réalisant des passes, nous devons traverser le terrain d’un bout à l’autre pour marquer un panier. Pas d’équipe, pas de compétition, mais seulement un exercice pour partager un moment tous ensemble, sans différence. Au final, tout le monde se montre particulièrement motivé à l’idée d’essayer de marquer un panier ! 

Cette heure et demie de pratique sera finalement conclue par une séance d’étirement et un retour au calme. Pour une fois, tous les participants sont silencieux et se relaxent. 

Hugo en profite pour faire le bilan de tout ce qui a pu être travaillé pendant la séance, que cela soit d’un point de vue physique mais aussi des capacités utiles au quotidien ou pour un futur emploi, comme le travail d’équipe. 

Une fois la séance terminée, tout le monde se salue avant de repartir chacun de son côté. Tout le monde est surtout apaisé après cet après-midi. Le bien-être semble être bien plus présent chez chacun, ce qui est en plus confirmé par les derniers mots que j’échange avec certains bénéficiaires. Christina, par exemple, a déjà envie de revenir la semaine suivante. Tout comme Jean, qui a pris beaucoup de plaisir et a mis beaucoup de bonne humeur dans tous les exercices pour sa première séance. Le premier essai a été transformé pour tous les deux ! 

 

Tous ont oublié pendant une après-midi les problèmes de la vie, et, sans s’en rendre compte, ont travaillé sur plein d’aspects importants au quotidien. Sociabilisation, travail d’équipe, meilleure forme… avec en plus des discussions avec Hugo pour toujours avancer dans leur projet de vie. 

Après cette superbe après-midi, je ne peux pas douter que chaque semaine, les bénéficiaires reviendront prendre du plaisir et révèleront de nouvelles compétences ! Un premier pas vers la Phase 2 de l’accompagnement du DAHLIR, c’est à dire vers la pratique régulière d’une activité dans un club ou une association locale. Et Hugo sera là pour franchir cette étape, en accompagnant et soutenant les bénéficiaires pour que tout se passe bien et selon leurs envies et besoins. 

 


Article rédigé par Pierre Boccon