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5 choses à retenir sur l’atelier culturel, coordonné par le DAHLIR et l’Opéra de Saint-Etienne

Loire (42)

Publié le 31 mars 2023

5 choses à retenir sur l’atelier culturel, coordonné par le DAHLIR et l’Opéra de Saint-Etienne

Parce que découvrir l'univers de l'Opéra et du théâtre devrait être possible à tous, le DAHLIR, avec le soutien de la DRAC, a organisé des ateliers d'initiation culturelle à Saint-Etienne. Un premier pas pour s'initier et faire naître des passions à accompagner.

Depuis 2020, avec le soutien de la DRAC, des ateliers culturels ont pu voir le jour dans le cadre des actions d’initiation et des accompagnements menés par l’association DAHLIR.

Chaque semaine, un chargé d’accompagnement DAHLIR anime une séance d’activité physique, basé sur du multisports auprès de jeunes et adultes en situation d’isolement, de précarité sociale orientés par des travailleurs sociaux de structures partenaires.

Parmi les participants, l’affinité avec l’activité physique demeure parfois limitée, tandis que leur attrait pour les activités manuelles, artistiques perdure. En échangeant avec les participants ainsi qu’avec leurs travailleurs sociaux référents, l’idée est venue de compléter le champ d’actions du DAHLIR en proposant des ateliers culturels, en partenariat avec des acteurs du territoire. Ainsi, cette année des actions ont vu le jour dans le Puy-de-Dôme, l’Allier, le Cantal et la Loire.

Fin janvier, j’ai bravé la neige auvergnate pour me rendre à « la dernière séance » de l’atelier culturel organisé à Saint-Etienne.

  • Le contexte :
    4ème étage, la salle de répétition de l’Opéra de Saint-Etienne. Un lieu incroyable, qui de loin ressemble presque à un temple, perché sur l’une des collines stéphanoises. De quoi en impressionner plus d’un ! Pourtant ce lieu se veut être avant tout « une maison ouverte à tous, aux personnes qui n’ont pas les moyens de venir, qui pensent que ce lieu ne leur est pas destiné », comme le décrit Clarisse, chargée de la médiation et de l’action culturelle à l’Opéra de Saint-Etienne.
    Cette saison constitue un retour à la normale, après une période de crise sanitaire endurante pour le monde de la culture. Spectacle, décors, costumes : les créations sont réalisées de A à Z, à Saint-Etienne. Les participants aux ateliers culturels initiés par le DAHLIR ont pu découvrir l’envers du décor des métiers de la scène.

 

  • L’activité :
    « Le chant lyrique permet d’utiliser le corps dans son intégralité, la voix, la respiration. Le but ce n’est pas de donner la bonne parole de l’Opéra, c’est un outil pour s’ouvrir à d’autres choses », explique Catherine, chanteuse lyrique à l’Opéra de Saint-Etienne.
    Durant les cinq ateliers mis en place avec le DAHLIR, les participants se sont initiés à l’univers de l’Opéra et du chant lyrique. « L’outil du chant est très intéressant autant chez les enfants que chez les adultes. Pour ce faire, on va chercher leur identité culturelle pour les toucher, faire tomber leurs barrières. Ce n’est pas anodin ce lien avec l’identité culturelle des participants ! Par exemple, avec les personnes accompagnées par le DAHLIR, nous avons travaillé sur l’Opéra Carmen, L’heure exquise de la Veuve Joyeuse et Un jour mon prince viendra. »
    En collectif, comme en individuel : ce matin, la séance est rythmée entre exercices de posture, de respiration, vocalises autour du piano. Plus que les notes du piano, ce sont les rires et les instants libérateurs, ces connexions entre les participants que l’on ressent. De purs moments de joie et de partage.

 

  • Les participants :
    Habituellement, une quinzaine de jeunes et adultes accompagnés par des structures d’hébergement et d’insertion* du territoire participent, accompagnés de leurs référents sociaux.
    « On est venus vous voir à la représentation le 1er janvier à l’Opéra. C’était trop bien ! Sur scène, j’avais l’impression que certains chanteurs étaient des comédiens. Par contre, il n’y avait pas beaucoup de jeunes dans le public », se rappelle Aurélien, jeune homme accompagné par l’association Renaître.
    « C’était beau, surtout les danses, j’ai beaucoup aimé », ajoute Vincent, accompagné par la même structure.
    Le lien avec la programmation de la saison enrichit l’action et leur permet de découvrir l’Opéra. Entre une visite des coulisses, des décors et costumes, de la scène, différents ateliers d’initiation au chant lyrique, la maison n’a presque plus de secret pour eux. Une barrière abaissée parmi d’autres. « Ils se désinhibent, ils osent chanter, note Catherine. Ils parviennent à faire vraiment sortir le son d’eux, à faire sortir la voix, comme on le dit en technique vocale. C’est très utile pour […] la gestion des émotions. Ces ateliers leur apportent de la confiance, du plaisir. Ils deviennent pleinement acteurs, eux-mêmes. Ce n’est surtout pas que de la technique vocale ! Il faut de l’interaction, c’est indispensable. »

 

  • Les professionnels :
    Issus de structures d’insertion sociale différentes, les participants ne se connaissaient pas au départ. Le chargé d’accompagnement DAHLIR, en partenariat avec les structures sociales, a pu compter sur l’énergie et la sensibilité de Clarisse et de Catherine qui entourent et accompagnent cette dynamique de groupe.
    Catherine réalise de plus en plus d’actions de médiation culturelle, et un peu moins de spectacle. La préparation de ces ateliers est autant conséquente : “Je me rappelle de Yassine, un jeune homme très timide qui avait tendance à se tenir voûté. Je lui conseillais de se tenir droit, de respirer. On touche à l’intime avec des outils bienveillants. C’est une reconnexion au corps très importante !”
    Un mélange de bienveillance et d’exigence, comme le décrit très bien Clarisse : “Cela demande beaucoup de pédagogie, on déconstruit les préjugés en utilisant le chant lyrique. Nous travaillons avec des danseurs, des comédiens. L’objectif est de désacraliser l’artiste avec qui il devient possible d’échanger, de partager. Mieux comprendre les métiers. C’est un mélange de bienveillance et d’exigence, ce que j’aime chez Catherine. Tu arrives à les embarquer.” Au fur et à mesure des séances, certaines personnes sont venues systématiquement, elles osent davantage.

 

  • La rencontre et l’interaction culturelle :
    Pour cette dernière séance, les habitudes étaient déjà bien installées dans la maison. Le petit groupe s’est rapidement regroupé autour du piano et de Catherine.
    Par ce média, les craintes, les peurs et préjugés tombent. Il n’y a plus de casquette ou d’étiquette. Aurélien qui appréciait déjà le chant a acquis des techniques et découvre qu’il a un grand ambitus vocal, ce qui est très rare ! Vincent participe et guide à son rythme. Quant à Alexia, travailleuse sociale au sein de l’association Renaître, elle se prête totalement au jeu des vocalises et découvre des astuces. Une dernière séance riche en partage et en beaux projets à venir ! Car Aurélien ne compte pas s’arrêter en si bons chemins. De même, les évolutions chez les autres participants sont perceptibles dans leur quotidien : le partage des émotions, le mieux-être, la confiance en soi… Autant d’éléments qui seront des supports considérables à leur accompagnement global et qui font naître des envies d’aller plus loin. Car l’accompagnement ne s’arrête pas là : ces ateliers permettent aussi de déceler des envies d’activités à concrétiser au sein d’associations locales !

 

*L’ANEF Loire, le CHRS Renaitre, l’Entraide Pierre Valdo, l’Asile de nuit, et la pension de famille Soliha

 


Article rédigé par Carine Bonnal